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Le bilinguisme français-anglais sur la nouvelle carte d’identité française : un choix déconcertant pour l’APF

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Publié le 19 janvier 2022
Communiqué de presse

Afin de se mettre en conformité avec un règlement européen qui impose de traduire les mots « carte d’identité » de l’en-tête du document dans au moins une autre langue officielle des institutions européennes, la France a choisi uniquement l’anglais comme seconde langue, sur les vingt-quatre langues officielles de l’Union européenne.

Jacques Krabal, Secrétaire général parlementaire de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie (APF) et député français, s’en était déjà ému auprès du ministre de l’Europe et des affaires étrangères en mars 2021 : « À l’heure où la France s’emploie à favoriser le plurilinguisme dans les instances européennes, sujet qui sera l’une des priorités de sa prochaine présidence de l’Union Européenne, ce projet de nouvelle carte nationale d’Identité va à contrecourant des efforts que tous les acteurs francophones mettent en œuvre, conformément à la volonté du Président de la République. Comment inciter nos partenaires européens à parler leurs langues et à apprendre celles de leurs voisins si nous considérons l’anglais comme la lingua franca ? ».

L’option choisie, quelque peu déconcertante, provoque la levée de bouclier de nombreuses associations et même de l’Académie française.
En réponse, le service presse du ministère répond : « L’anglais est, et demeure, une langue officielle des institutions de l’Union européenne, quand bien même le Royaume-Uni a quitté l’Union. Et que la carte d’identité devient un document de voyage au sein de cette dernière, ce qui suppose que ses mentions soient comprises dans le plus grand nombre de pays ».
L’argument n’est pas recevable. L’anglais est certes l’idiome le plus parlé en tant que deuxième langue en Europe, mais, après le Brexit, il n’est plus langue officielle que dans deux États membres, l’Irlande et Malte, qui représentent seulement 1,2 % de la population communautaire.

L’APF s’interroge :

  • Pourquoi ne pas avoir fait comme l’Allemagne, qui, pour mettre en œuvre le règlement européen, a opté pour une double traduction, en anglais et en français ?
  • En quoi une traduction en anglais rendrait-elle les traversées de frontières européennes des Français plus faciles, alors que le principe de libre circulation des personnes prévaut dans toute l’Union européenne et, au-delà, dans les pays de l’Espace économique européen et en Suisse ?

Au-delà de la défense de la seule langue française, l’Assemblée parlementaire de la Francophonie, riche de son réseau de 90 sections, dont 32 européennes, a depuis longtemps pris le parti du multilinguisme.

Jacques Krabal propose que la carte d’identité soit traduite dans une langue européenne choisie par chaque citoyen : « Il suffirait d’ajouter une case à cocher sur les formulaires de renseignements individuels, et l’émission de la carte se ferait automatiquement dans la langue choisie. Cette mesure novatrice symbolique ferait date dans la reconnaissance du plurilinguisme. »

Au-delà de ce combat français et européen, c’est surtout le combat pour un réajustement à l’équilibre de la diversité linguistique et culturelle pour une mondialisation harmonieuse et multilatérale.