Freddy Deghilage, chargé de mission pour la région Europe de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie depuis huit ans a choisi de se retirer du milieu parlementaire et de passer la main. Avant de partir, il dresse un bilan et porte son regard sur l’Europe, la Francophonie et l’avenir.
Vous avez assuré fidèlement le mandat de chargé de mission Europe depuis 2001, pourquoi est-il important à vos yeux de participer activement aux instances francophones ?
Freddy Deghilage : Bien que je sois intimement attaché à ma région et particulièrement à ma commune, chaque fois que j’ai touché le sol d’un pays membre de l’espace francophone, j’ai ressenti un sentiment de renouveau personnel, un sentiment de joie et une envie de découvertes.
A chacune des réunions interparlementaires francophones, j’ai ressenti une unité spirituelle et un esprit d’ouverture et ce, quelle que soit l’appartenance politique ou la nationalité des participants.
Je suis intimement convaincu que c’est ce qui explique l’intensité de notre volonté de défendre contre vents et marées, la diversité culturelle et linguistique au sein même de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie.
Vigie de la démocratie dans l’espace francophone, dites-nous comment l’Assemblée parlementaire de la Francophonie réagit face aux crises que traversent plusieurs de ses Etats membres ? Selon vous, est-ce qu’il y a un relâchement de la vigilance internationale ?
Freddy Deghilage : L’Assemblée parlementaire de la Francophonie ne représente pas les Etats mais les parlements élus démocratiquement dans le respect des normes constitutionnelles de leur Etat.
Ce qui est prioritaire à l’APF c’est la liberté d’expression de tous ses membres pour aborder les défis de la construction de la paix, du développement, de la justice, de la démocratie, de la défense des droits de l’Homme mis à rude épreuve par la crise financière.
En notre qualité de parlementaires, nous savons que l’ingénierie parlementaire est essentielle au bon fonctionnement d’un parlement démocratique. C’est pourquoi l’APF, vigie de la démocratie, s’efforce, en organisant des séminaires de formation par exemple, d’aider les parlements membres de l’APF, agents parlementaires inclus, à maîtriser les techniques parlementaires.
Et s’il est vrai que l’APF fait de la prévention en envoyant aussi des missions d’observation d’élections lorsqu’on le lui demande, elle est en mesure également de suspendre les sections d’un Etat où par recours à la force, le parlement élu a été remplacé par un parlement nommé. C’est ce type d’actions concrètes, courageuses et de diplomatie parlementaire qui m’a rendu fier d’appartenir à l’APF en tant que sujet et acteur des relations internationales.
L’Organisation internationale de la Francophonie s’est élargie à de nouveaux Etats de l’Union européenne. La région Europe de l’APF, depuis votre accession à ce poste, s’est aussi étendue de 21 à 28 sections dont huit parlements observateurs, quels sont les enjeux de cet élargissement de la Francophonie européenne ?
Freddy Deghilage : L’élargissement de la Francophonie à de nouveaux Etats de l’Union européenne génère des défis inédits. La communauté francophone est, il est vrai, de plus en plus hétéroclite. La référence au « français, langue de partage » devient de plus en plus ténue avec les pays baltes et d’Europe centrale (exception faite de la Bulgarie et de la Roumanie) ou avec des orientations politiques sécuritaires peu convergentes.
La tenue même du Sommet de la Francophonie à Bucarest (Roumanie) en 2006, a symboliquement souligné l’importance de l’espace européen d’un point de vue politique et culturel avec l’élargissement historique de l’ensemble francophone à des Etats membres de l’UE anciennement satellites de l’Union soviétique. 16 Etats ou communautés sur 27 Etats membres de l’UE adhèrent à l’OIF ; 9 d’entre eux sont issus du « bloc de l’Est » : 7 dits Pays d’Europe centrale et orientale (PECO) et 2 des Balkans du Sud.
L’adhésion à la Francophonie de pays aussi différents culturellement s’explique par leur recherche d’amplifier une « nouvelle » diplomatie en quête de multilatéralisme, gage de leur nouveau positionnement sur la scène régionale et internationale. Leur adhésion constitue dès lors un créneau vers l’international et une volonté d’affirmer leur souveraineté recouvrée, leur identité nationale. De telles intégrations contribuent à leur stabilité et à leur protection.
Consciente des enjeux de l’élargissement, la régionale Europe de l’Assemblée parlementaire de la Francophonie réunie à Sofia (Bulgarie), s’est penchée, sur la question de savoir si on se dirigeait vers une Francophonie-espace que la loi du nombre accrédite ou vers une Francophonie-puissance que le nombre couplé au dessein politique cautionnerait.
Elle s’est positionnée clairement sur le sujet. La résolution adoptée stipule en effet que face aux évolutions actuelles du mouvement francophone international, le développement et la pérennité de la Francophonie passent par l’affirmation et l’approfondissement de son projet politique et l’intensification de la médiatisation de celui-ci. Dans ce but, la région Europe de l’APF a appelé les Etats de la Francophonie à négocier un traité international destiné à conférer à l’Organisation internationale de la Francophonie une base juridique solide.
Le temps est manifestement venu d’impulser une dynamique nouvelle au sein de la Francophonie vouée à devenir une puissance politique. Du choix des projets dépendra sa crédibilité.
Quel message avez-vous envie de laisser à tous ceux qui vous ont connu dans l’exercice de votre mandat de chargé de mission Europe ?
Freddy Deghilage : Triomphez de vos efforts pour insuffler l’espoir dans le cœur des millions de citoyens francophones que vous représentez et pour bâtir des sociétés ouvertes à toutes les générations qui ne marcheront la tête haute qu’assurées de leur droit inaliénable à la dignité humaine.
La Francophonie dispose de nombreux atouts, dont celui d’être une organisation ouverte à la participation des collectivités fédérées et régionales, continuez dès lors à agir ensemble pour faire face aux nombreux défis à long terme de ce siècle.
Contribuez à donner naissance à un nouveau monde multiculturel et multilingue, à un monde de dialogue.
Parlements et Francophonie. Juillet - Août 2009. N° 18
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