Instances

Débat général. Contribution de la section de Centrafrique

INTERVENTION DETAILLEE
DE SON HONORABLE CELESTIN LEROY GAOMBALET,
PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE NATIONALE DE LA REPUBLIQUE
CENTRAFRICAINE, PRESIDENT DE LA SECTION CENTRAFRICAINE DE
L’ASSEMBLEE PARLEMENTAIRE DE LA FRANCOPHONIE

Sous-Thème :
« Egal accès aux TIC pour une Francophonie solidaire et efficace ».

Honorable Président de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) ;
- Honorable Président du Parlement Belge/ Communauté Française/ Wallonie –
Bruxelles ;
Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie
(OIF) ;
Monsieur le Secrétaire Général de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie
(APF) ;
Honorables Présidents des Assemblées nationales, Présidents des Sections de
l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) et Chefs des Missions ;
Honorables député membres de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie ;
Distingués invités en vos rangs et grades ;
Mesdames et Messieurs,

Je voudrais m’acquitter d’un agréable devoir, celui de m’associer à tous les collègues qui
m’ont précédé, pour adresser, au nom de la délégation qui m’accompagne et au mien
propre, mes vives et fraternelles salutations et mes remerciements à la Section de l’APF et
les autorités belges pour l’accueil chaleureux dont ma délégation et moi-même avons fait
l’objet dès notre arrivée dans cette belle ville de Bruxelles.

Le thème du débat général des présentes assises, à savoir, « la place de la Francophonie
dans les médias et les nouvelles technologies dans un environnement mondialisé : un espace
socio-économique multipolaire à construire-projets et opportunités, nous offre l’occasion de
mener ensemble des réflexions sur l’une des thématiques de notre espace : « l’Egal accès aux TIC pour une Francophonie solidaire et efficace ».

L’appropriation des TIC dans l’espace francophone est un impératif de développement de
nos peuples, favorable à toute initiative de lutte contre la pauvreté et du Développement
Humain Durable des populations de nos Etats.

Les besoins pratiques dans la vie d’un individu : l’emploi, la mobilité et le désir, voire le
besoin de connaître et comprendre d’autres cultures, ont tendance à être de fortes
motivations pour chaque individu.

En l’espèce, les Technologies de l’Information et de la Communication (TIC) sont définies
comme un ensemble d’outils utilisés pour produire, traiter et échanger de l’information à
temps presque réel. Leurs forces de propagation et leur efficacité défraient toutes les
chroniques, tant sur le plan national qu’international. Les TIC constituent, sans équivoque,
un passage obligé pour le développement humain durable et un vecteur d’intégration des
communautés. En effet, elles offrent de nombreuses opportunités de développement à tout
pays.

Avec l’avènement des communications électroniques, une véritable révolution dont les
effets, selon plusieurs observateurs attentifs, se comparent à ceux induits par l’invention de
l’imprimerie ou par la révolution industrielle, sont à nos portes.

L’innovation technologique ne cesse de créer de nouveaux outils qui engendrent de
nouveaux besoins et de nouveaux usages : la fibre optique et la commutation à haute
vitesse se généralisent ; les réseaux téléphoniques filaires sont revalorisés par la technologie
de la ligne numérique d’abonnés ; le redéploiement des réseaux sans fil de plus en plus
performants s’accélère ; de nouvelles fibres optiques aux capacités de plus en plus grandes
sillonnent les fonds des mers, mais aussi et surtout les côtes africaines ; la qualité et la
quantité des contenus disponibles connaissent une forte croissance ; les bandes passantes
pour l’accès individuel ne cessent de s’élargir. La mise au point des stratégies de
raccordement des abonnés en fibre optique est déjà en cours chez beaucoup d’opérateurs.
L’internet et ses applications sont, à n’en point douter, un meilleur moyen de construire et
de consolider la solidarité de notre espace Francophone et surtout de porter dans le monde
le rayonnement de notre Communauté tout entier.

Il s’agit ici pour nos gouvernements de faire en sorte que tous les citoyens de l’espace
francophone puissent, au moyen des TIC, s’instruire, travailler, se divertir, faire des affaires,
etc…

Il est aujourd’hui possible de faire circuler une information qui n’était autrefois accessible
que sur papier, de suivre une formation et de donner des consultations médicales à distance
à partir d’un ordinateur. C’est une grande opportunité pour les Etats qui disposent de très
peu d’infrastructures routières de qualité.

Il s’agit là d’une révolution aussi bien culturelle que structurelle. Culturelle du fait qu’elle
bouscule les valeurs, modifie les comportements et instaure de nouvelles pratiques.

Structurelles parce qu’elle modifie les rapports de force, la nature des activités et les modes
de fonctionnement des organismes publics et privés.

Dans cette révolution à plusieurs dimensions, les Etats sont appelés à être des éléments
d’impulsion, des usagers modèles et des chefs de file dans les sphères qui relèvent
directement d’eux, comme celles des infrastructures large bande de transport, de
l’administration publique, de l’éducation ou de la santé publique. Il leur appartient
également en collaboration avec d’autres partenaires, de clarifier l’encadrement législatif,
réglementaire et juridique des TIC et de ses applications et d’en définir les responsabilités.
Les Etats se doivent d’apporter leur soutien aux idées novatrices et à l’expérimentation dans
l’économie de l’information et du savoir.

Les entreprises, grandes et petites, sont, elles aussi, invitées à y jouer un rôle majeur. Que
ce soit par l’entremise des poids lourds que sont les opérateurs de télécommunications ou
par les industries émergentes d’information et du multimédia, les entreprises sont les mieux
placées pour repérer les occasions intéressantes et les mesures à prendre pour les saisir.
La mutation que vivent tous les pays conduit tous les dirigeants du monde et, plus
particulièrement ceux de la Communauté Francophone, à imaginer comment se modifient
le travail, le commerce, la politique, le territoire, l’accès à la croissance, le rapport au temps
et à l’espace, le rapport à soi et aux autres.

Si l’importance et l’ampleur du changement induit par le déploiement des TIC suscitent de
l’enthousiasme et de l’espoir, ils provoquent également des appréhensions face à la
transformation accélérée du monde. Ils appellent des choix qui nécessitent l’engagement
des citoyens, des entreprises et des gouvernements de l’espace.
C’est ainsi que les réformes engagées par la RCA dans les années 90 n’ont pas permis de
répondre à ses préoccupations fondamentales de développement des infrastructures de
base, de la couverture de la grande majorité de sa population par les services de
télécommunications de base et de la création de suffisamment d’emplois.
La situation antérieure des Télécommunications et TIC en République Centrafricaine se
résume par l’insuffisance de la couverture nationale, le manque de moyens opérationnels
permettant à l’organe de régulation d’être véritablement efficace, la situation déliquescente de la SOCATEL, avec une situation commerciale particulièrement défavorable et une
dégradation continue, une exploitation défaillante et paralysée par des déficiences
techniques et organisationnelles, une situation financière très critique.

Cette situation pénalise le pays qui mise sur le secteur des télécommunications pour son
désenclavement numérique tant intérieur qu’extérieur (International, national, urbain et
rural).

En effet, les infrastructures des Télécommunications, de la Poste et des Technologies de
l’Information et de la Communication (TIC) de la Centrafrique sont insuffisantes, dégradées
et vétustes.

Elles ne permettent pas d’assurer la couverture du pays et ne répondent pas aux besoins de
plus en plus croissants des populations et à l’émergence des besoins en matière de média
interactif (croisement de l’informatique, des télécommunications et de l’audiovisuel).
Mais depuis le 15 mars 2003, l’Etat centrafricain a engagé des réformes profondes dans ce
secteur afin de mieux répondre aux attentes de la population.

- un document « Politique, Stratégies et plan d’action de l’Edification de la Société de
l’information en République centrafricaine » a été adopté ;
- des textes de lois et des décrets ont été adoptés par le Gouvernement : Loi N°07.020
du 28 décembre 2007, portant régulation des télécommunications en République
centrafricaine ; Loi 07.021 du 28 décembre 2007 , fixant les taxes et redevances en
matière d’établissement et/ou d’exploitation des réseaux de services de
télécommunications applicables sur toute l’étendue du Territoire National ; et
Décret N°09.209 du 17 juillet 2009, fixant les modalités d’application de la loi
N°07.020 du 28 décembre 2007 portant régulation des télécommunications. Par ces
textes, le secteur des Télécommunications est libéralisé et cinq (05) opérateurs
économiques sont présents sur le marché.
- le ministère en charge des TIC est érigé en un ministère d’Etat afin de montrer toute
la dimension et la place que le Gouvernement entend donner à ce secteur dans sa
politique de désenclavement numérique du pays.
Suite à ces réformes, la situation du marché des télécommunications et TIC révèle :
- la réalisation partielle par la Société Centrafricaine des
Télécommunications(SOCATEL), de la phase pilote du projet GSM/Will d’une capacité de 15.000 abonnés (extensible à 300.000 lignes) et le déploiement d’un
réseau internet Haut débit (ADSL) d’une capacité de 500 abonnés, extensible à 1024.
- l’existence d’un parc des abonnés de la téléphonie mobile estimé à 1 215 093 ;
- le nombre total des clients de la Téléphonie du fixe est de 4 718 ;
- le nombre total des clients Internet se chiffre à 754 ;
- le Taux de pénétration de la population est de 27% ;
- la couverture du territoire national est de 55 % ; et,
- le Projet de connexion par la fibre optique de l’Afrique Centrale projet CAB, par la
signature d’Accord de financement-composante RCA entre le Gouvernement, la
Banque mondiale et la Banque Africaine de Développement (BAD) ; ce projet
favorisera l’accès à l’information et réduira la fracture numérique en reliant la RCA à
la fibre sur la côte atlantique à l’ouest et sur la côte de l’Océan indien à l’Est.
Pour améliorer davantage cette situation, le Gouvernement s’est fixé comme objectifs
entre autres :
- de favoriser l’établissement des infrastructures de transport large bande : Il s’agira
de bâtir une infrastructure nationale de transport large bande reliant les chefs lieux
de préfecture à Bangui pour permettre le développement de la couverture nationale
à des coûts abordables. C’est par ce seul moyen et grâce à ces coûts réduits que dans
les écoles, dans les bureaux, à domicile, à Bangui comme à l’intérieur du pays le
Gouvernement pourra optimiser la couverture numérique et favoriser la promotion
de la langue française par le biais des recherches ;
- de privilégier le développement des réseaux et moyens d’accès aux TICs : il s’agira
d’intégrer les avancées du projet CAB pour établir une infrastructure d’accès
international large bande en fibre optique reliant Bangui au câble sous-marin
SAT3/WASC pour faciliter le développement de l’Internet et permettre d’accroître la
pénétration du mobile grâce à une baisse des prix de l’international afin d’assurer
une couverture totale de la population à l’horizon 2020 sur toute l’étendue du
territoire.

Sur ce, le Gouvernement entend démocratiser l’utilisation de l’internet puis redynamiser les
activités de la SOCATEL et de la poste grâce aux TIC : Il s’agit de multiplier la création de points d’accès communautaires aux TIC en promouvant l’accès aux entreprises, par le biais
de contenus internet (e-gouvernement, e-commerce, e-santé, etc.).

Par le Projet CAB permettant de doter la RCA des infrastructures internationale et nationale
large bande à fibre optique dans un proche avenir, la fracture numérique entre Bangui et les
localités des provinces sera considérablement réduite.

D’ici 2015, la couverture du territoire national par le réseau haut débit à fibre optique sera
assurée à 98 %. La télémédecine et la télé enseignement seront développées et l’on
participera au e-commerce mondial (commerce électronique).

En substance, toute la politique du Gouvernement à l’égal accès aux TIC est développée
dans le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté de la 2ème génération (DSRP2)
récemment présenté aux partenaires au développement de la République Centrafricaine
lors de la Table Ronde de Bruxelles.

L’internet, espace immatériel d’échanges, nous commande d’inventer la présence de nos
Etats Francophones partout dans le monde à partir d’une politique commune et des
stratégies nouvelles de développement des télécommunications et des nouvelles
technologies de l’information et de la communication (NTIC).

Pour ce faire, la République Centrafricaine suggère pour réduire la fracture numérique dans
notre espace :
- une Déclaration de Politique Francophone des TIC (sur le modèle des OMD qui sera
présentée pour adoption par les Chefs d’Etat et de Gouvernement au Sommet de
Kinshasa au mois d’octobre). Cette Déclaration de Politique Francophone des TIC
devait être assortie d’échéance précise. Il s’agit ici de mettre en place un processus
avec des acteurs et des étapes à franchir. Le tout, c’est d’arriver d’ici 15 ans à partir
de cette Assemblée Générale à un espace Francophone numérique ;
- une attention particulière devait être portée sur les résultats des Centres
Multimédias dans le domaine universitaire et les Centre de Lectures d’Animation
Culturelle pour orienter les actions à mener ;
- à l’exemple de l’Education Pour Tous (EPT), il serait judicieux de mettre en place un
Système Educatif Informatisé Pour Tous (SEIPT). Il s’agit ici d’insérer l’informatique dans le processus scolaire dès le fondamental 1 tout en restant attentif à ce que les
élèves ne délaissent l’écriture au détriment de l’ordinateur.

La tâche est immense ; mais elle est exaltante. C’est à nos Etats d’agir en concertation avec
confiance et enthousiasme. Je puis affirmer que la volonté et l’engagement politique seront
déterminants pour y arriver selon l’échéance qui sera fixée.

Par ailleurs, aucune francophonie solidaire et efficace ne s’aurait être bâtie si la thématique
de la liberté de la presse n’est déclinée en des termes clairs. A cet effet, je fais mienne la
déclaration du Président de la République, Chef de l’Etat le Général d’armée François
BOZIZE YANGOUVONDA dans son discours d’investiture je cite « Je m’emploierai toujours
à garantir la liberté de la Presse déjà acquise. Cette presse jeune a des manquements
parfois, mais elle a le mérite de se battre pour exister, d’informer et de dire parfois avec
courage ce qui va ou ne va pas dans notre patrie. C’est son rôle d’aiguillon, pourvu que les
règles qui gouvernent cette Presse soient respectées par elle à commencer par la
vérification au préalable de l’information avant sa publication.

J’insisterai donc jamais assez sur le rôle de la Presse pour contribuer à préserver la paix et
la réconciliation. Ainsi, la responsabilité des hommes et des femmes qui en ont fait leur
métier est bien grande ». Fin de citation.

La détermination de nos gouvernements à faire évoluer les Médias d’Etat vers le statut plus
élégant et plus moderne de « Médias de Service Public » garantira cette ambition collective
en matière de la promotion des médias et des nouvelles technologies de communication
pour une francophonie solidaire et efficace.

- Honorable Président de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) ;
- Honorable Président du Parlement Belge/ Communauté Française/ Wallonie –
Bruxelles ;
- Monsieur le Secrétaire Général de l’Organisation Internationale de la Francophonie
(OIF) ;
- Monsieur le Secrétaire Général de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie
(APF) ;
- Honorables Présidents des Assemblées nationales, Présidents des Sections de
l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie (APF) et Chefs des Missions ;
- Honorables député membres de l’Assemblée Parlementaire de la Francophonie ;
- Distingués invités en vos rangs et grades ;
- Mesdames et Messieurs,

Au sortir de cette Assemblée Générale, un mouvement irréversible est lancé. Faisons de la
construction de la société et de l’économie francophone de l’information et du savoir l’un
des plus importants chantiers du développement économique et social des 15 prochaines
années. A ces fins, les Pays les Moins Avancés (PMA) comptent sur un appui renforcé des
pays développés pour créer un espace francophone solidaire et efficace.

Je reste convaincu que l’engagement à prendre fera des TIC un outil précieux, accessible et
utile à tous nos Etats, nos peuples et surtout nos communautés de base qui en ont
grandement besoin pour leur développement.

Unissons-nous, dans l’esprit de solidarité qui a toujours guidé notre Communauté, autour
d’une vision commune en vue de bâtir une véritable Communauté de l’information
Francophone.

Je vous remercie.

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