Intervention
de
M. Jean-Paul Dufau, président délégué de la section française de l’APF
Thème : Rôle et place des médias et des TIC dans la promotion de la langue française
Monsieur le Président,
Mes chers collègues,
Avant de commencer mon propos sur le sujet qui nous préoccupe, et puisque c’est la
première fois que je m’adresse devant cette prestigieuse assemblée en ma qualité de Président
délégué de la section française, je voudrais rendre hommage à Mme Henriette Martinez qui
fut pendant ces cinq dernières années la présidente de notre section. Mme Henriette Martinez,
qui a choisi de ne pas se représenter à la députation en juin dernier, aurait aimé être une
dernière fois présente à la session de l’APF et vous dire elle-même au revoir. Elle m’a chargé
de l’excuser, et de vous transmettre ses amitiés. En retour c’est en votre nom à tous, et avec le
souvenir de sa liberté de parole, de son respect des autres, de son engagement passionné en
faveur de la Francophonie, que je voudrai lui souhaiter, car c’était hier, un très bon
anniversaire.
J’en viens maintenant à mon propos. La Francophonie est entrée dans l’ère de la
civilisation numérique, celle de l’internet, des blogs, des réseaux sociaux, des écoles et des
universités numériques, des bibliothèques et des portails numériques, des visioconférences en
ligne et de tous les sites de partage comme « youtube » ou « dailymotion ». Quels sont les
liens entre les technologies de l’information et de la communication, les TIC comme il est
convenu de les appeler, et la Francophonie ? Quels sont les progrès encore à accomplir ?
Telles sont les deux principales questions auxquelles je voudrais apporter quelques éléments
de réponse.
Les TIC sont au coeur des enjeux de la Francophonie. Sur le plan économique, elles
constituent un puissant moteur de développement. Sur le plan politique, elles représentent un
facteur d’amélioration de la gouvernance démocratique en facilitant l’accès à l’information et
la prise de paroles des citoyens. Sur le plan éducatif, les TIC facilitent l’accès au savoir,
notamment dans les zones enclavées. Sur le plan culturel, elles sont susceptibles de
promouvoir la diversité culturelle à condition toutefois de pouvoir y être présent. La fracture
numérique la plus essentielle reste encore celle de l’accès. Enfin, sur le plan des Droits de
l’Homme, les TIC constituent un outil privilégié pour promouvoir les droits de l’Homme et
dénoncer leurs atteintes. Souvenez-vous du rôle reconnu à Internet dans le succès des
révolutions du printemps arabe.
Il est en conséquence essentiel pour la Francophonie d’être présent sur la « Toile ».
Chacun doit pouvoir y vivre sa francophonie. Le premier forum mondial de la langue
française réuni la semaine dernière à Québec l’a rappelé dès ses débats introductifs, les
personnes de 35 ans et moins, constituent la tranche de la population qui ont le plus recours
aux TIC dans la vie quotidienne, que ce soit pour communiquer, s’informer, se distraire… La
Francophonie doit pleinement prendre en compte le désir de la nouvelle génération, celle que
l’on a appelé la génération Y en allusion au Y que tracent sur leur torse les fils de leur ipod ou
de leur iphone, d’être connectée en permanence et de partager volontairement de
l’information dans la langue de leur choix. Cela signifie que le français et la culture française
doivent se faire connaître en tant qu’éléments qui méritent d’être partagés. Peu d’argent est
ensuite nécessaire, une fois atteint cet objectif, puisque ces réseaux se perpétuent d’euxmêmes.
Aux Etats-Unis, par exemple, plusieurs réseaux sociaux (Portland French
Connection, Bonjour LA, Texas in French) sont dédiés à la langue française et il est possible
d’y trouver une masse d’informations liées à francophonie et la culture française. Depuis leurs
lancements aux Etats-Unis, l’intérêt pour ces sites francophones continue de croître, bien que
lentement. New York in french, par exemple n’accueille que 15 nouveaux membres par jour,
ce qui est assez peu. Développer ce type de réseau dans les pays francophones et nonfrancophones
doit être un objectif tant de l’OIF que de l’APF. Je félicite d’ailleurs l’APF
d’avoir fait le choix d’être sur Facebook depuis quelques années.
Autre exemple de richesse du contenu francophone, celui mis en ligne par les
organismes publics français, le plus souvent gratuitement. Je citerai les principaux :
Légifrance, qui donne accès à la plupart des textes législatifs et réglementaires ; la
bibliothèque numérique Gallica de la Bibliothèque nationale de France qui compte
aujourd’hui 90 000 ouvrages et 230 000 images et permet d’accéder à une très grande partie
de la littérature française ; l’Institut national de l’audiovisuel (l’INA) qui a fait un immense
travail de numérisation pour donner accès au patrimoine audiovisuel qu’il conserve. Ces
exemples publics sont pour moi l’occasion de rappeler que le monopole de la numérisation ne
peut être laissé à des opérateurs soumis à des impératifs exclusivement commerciaux et qui ne
partagent pas toujours les critères francophones d’interculturalité.
Enfin dernier exemple de succès, la part relativement importante du français dans les
projets Wikimedia. Mesuré en nombre d’articles, le français représente la 3ème langue sur
Wikipédia, derrière l’anglais et l’allemand. Les projets Wikimédia en français sont
systématiquement dans le peloton de tête international, ce qui n’est pas le cas de toutes les
langues majeures, à l’exception bien sûr de l’anglais.
En dépit de ces exemples réussis, il reste assurément de la place pour la croissance de
la francophonie sur le numérique. L’anglais représente 45 % des pages sur l’Internet, contre
4,4 % pour le français. Seulement 5 % de tous les sites web sont écrits en français.
La Francophonie joue un rôle de soutien dans cette bataille des médias et du
numérique. Elle dispose avec TV5 monde d’un outil extraordinaire. Et l’Institut de la
Francophonie numérique a été créé pour soutenir la production de contenus et d’applications
numériques en français à travers le Fonds francophone des inforoutes : 168 projets ont ainsi
été financés par ce Fonds depuis 1998.
Parmi les axes de progrès, j’insisterai sur trois points.
Tout d’abord, l’aide au désenclavement numérique pour les pays francophones en
développement doit être une priorité. Si 55 personnes sur 100 sont utilisatrices d’Internet en
Europe, 4 % seulement le sont en Afrique sub-saharienne. Cela doit être un des objectifs
prioritaires de la Francophonie que de lutter contre ce fossé numérique.
Ensuite, je voudrai mettre en avant l’importance à soutenir la révolution pédagogique
entrainée par l’utilisation des outils numériques dans l’apprentissage de la langue française.
Aujourd’hui encore, trop peu d’enseignants sont préparés à l’utilisation pédagogique des TIC.
Enfin, les TIC sont une occasion de promouvoir une francophonie moins
institutionnelle, plus créative, ludique et diversifiée, un appel à une action à la fois plus
moderne et ouverte sur le monde. Internet et la Francophonie ont en commun d’être des
espaces de rencontres ; l’un peut renforcer l’autre, si l’on sait l’utiliser.
Je conclurai par une parole de M. Abdou Diouf qui dénonçait les risques de
« colonisation du cybermonde par la langue et la culture des seuls détenteurs des
technologies les plus récentes et les plus performantes ». Et il ajoutait : « Sans vouloir être
alarmiste, je voudrais redire que ce qui joue à travers la conquête de ces nouveaux espaces,
c’est aussi la conquête des esprits et des imaginaires ». Sachons garder cet avertissement en
mémoire et oeuvrer en conséquence.
Je vous remercie.
38e session
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