par le Prof. Dr. Nguyen Ngoc Tran, Président de la Section Vietnamienne, Vice-Président de l’APF
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Collègues,
La migration ne date pas d’aujourd’hui. À l’heure actuelle, elle se pose à tous les pays, développés comme en voie de développement, de manière préoccupante parfois brûlante et tragique, dont la recherche de solutions exige une analyse approfondie et objective, dans un espace le plus global possible tel qu’elle se présente.
1. Essayons de l’aborder par un survol à travers l’histoire.
En ne considérant que les migrations d’échelle, on peut distinguer assez nettement de ce survol trois mouvements.
(a) Les temps où la migration suit la conquête des territoires nouveaux, et s’identifie à la colonisation.
La migration s’effectua alors dans le sens des pays conquérants (ou colonisateurs) vers les pays conquis (ou occupés). À cela s’ajoute une migration locale des pays colonisés due à l’apparition des territoires artificiellement divisés ou créés, et à l’établissement de l’appareil installé pour administrer les colonies. S’ajoute aussi dans certains cas et en certains lieux, l’extermination raciale.
(b) La première grande vague de migration à l’échelle intercontinentale pour l’exploitation des ressources des colonies et pour les guerres.
Pour l’exploitation des ressources naturelles des colonies, en plus des indigènes sur place, on transporta massivement la population d’un continent à un autre comme esclaves. Ce fut le cas des Africains vers les Amériques dès le 16e siècle. Pour le même but, on recruta et amema des coolies des pays colonisés ou des comptoirs d’un continent vers un autre. Ce fut par exemple le cas des Asiatiques vers les îles du Pacifique et de l’Océan Indien au 19è et au 20è siècles. On mobilisa aussi des jeunes des pays colonisés et les envoya au front pendant les guerres coloniales et mondiales.
(c) La deuxième grande vague de migration à la recherche de la "plus-value" du travail humain.
Elle s’étend jusqu’à maintenant et mérite un examen détaillé.
* C’est le fait du recrutement de la main d’œuvre formée, qualifiée, du savoir-faire et de la matière grise.
N’ayant pas à investir pour l’éducation et la formation initiale dès le bas âge, les bénéfices pour les pays recruteurs sont énormes. Les USA en tête, gagnent plusieurs milliards de dollars par an par cette voie.
À l’heure de l’économie du savoir, l‘achat des matières grises bat son plein. On parle même de "la guerre pour les talents" [1].
L’achat de la matière grise est aussi bénéfique, à certains égards, pour les experts expatriés qui vendent leurs compétences en échange des conditions de travail meilleures, un salaire et un niveau de vie plus élevés que dans leurs pays d’origine.
Comme résultante, c’est l’hémorragie de la matière grise des pays moins développés vers les pays plus développés, c’est en fait l’aide en sens inverse.
Pour des raisons similaires, c’est la venue de la main d’œuvre pour les professions et métiers délaissés par la population locale parce que peu rémunérants.
La migration dans les cas précités est le choix des individus mais peut provenir aussi de la politique des gouvernements des pays, notamment ceux en voie de développement, en connaissance de cause que celle-ci réprésente à la fois gains et pertes. Du côté positif, c’est la rentrée des devises étrangères de cette exportation ; c’est l’apprentissage pour une meilleure qualification du travail pour demain, etc. ... Du côté négatif, c’est le manque d’experts et de la main d’œuvre qualifiée dont le pays a besoin dans l’immédiat.
* C’est le fait de l’exode par raisons économiques, par fuite de l’instabilité politique et de guerre dont l’origine est liée de près ou de loin à l’appropriation des richesses telles que pétrole, diamants, or, ...
Il est à noter que cette troisième vague de migration s’effectue globalement dans le sens des pays moins développés vers les pays plus développés.
2. À mon avis, pour être objectif, c’est dans ces contextes qu’il faut examiner les politiques d’immigration et d’émigration.
Dans le sens de l’immigration, primo, est-ce en fait une grille de sélection qui ne laisse entrer que des sujets aux profils souhaités ? Secundo, avec ladite sélection, les politiques de l’immigration ne contribuent-elles pas à approfondir le fossé riches-pauvres en enlevant la "crème" des autres pays moins développés aggravant ainsi leurs difficultés ? Tertio, ce faisant, quelles redevances envisagent-elles de payer de retour ? Enfin, il y a lieu à voir si elles ne cachent pas un certain but politique [2].
Des pays soumis à l’hémorragie, les politiques d’émigration, s’il y a lieu, cherchent à limiter les dégâts, à concilier l’intérêt du pays avec l’intérêt individuel de ceux qui souhaitent partir. Elles nécessitent une vision, une volonté nationale et une politique clairvoyantes, courageuses et responsables sur lesquelles je vais revenir.
Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Collègues,
3. On ne peut pas changer l’histoire mais avec les leçons du passé, on peut infléchir le cours présent.
Concernant la migration actuelle, que peut-on faire pour qu’elle s’effectue dans le sens du dialogue des cultures, des échanges culturel, scientifique, technologique et économique dans l’intérêt de tous et souhaités par tous ?
Tout d’abord, l’avance des sciences et des technologies est un fait objectif et incontournable. La planète semble être plus petite et devient plus que jamais la maison de toute l’humanité. La recherche de la plus-value du travail fourni, l’aspiration à des conditions de travail et à un niveau de vie meilleurs, elles aussi, sont tout à fait compréhensibles.
Ce qui est abominable et doit être rejeté, c’est l’esclavagisme, l’extermination raciale, l’exploitation inhumaine des esclaves, des coolies, hier, le pillage des ressources naturelles et humaines des colonies, des territoires occupés, hier et aujourd’hui, c’est la répartition inégale de la plus-value en dernier ressort. À bien réfléchir, n’est-ce pas là la cause originelle des trois mouvements de la migration à travers l’histoire ?
"Terre natale qui te quitte sans tritesse et sans nostalgie ? Mère patrie, si on ne te porte pas dans son cœur, on ne grandira jamais en homme !" Une poème chanté vietnamien 3 confie ainsi l’état d’âme des émigrés.
Ainsi, sur le plan national, l’émigration clandestine s’éteindrait si la famine était éradiquée, la pauvreté réduite, la corruption déracinée, la justice, le progrès social et la démocratie chaque jour améliorés, et la guerre se tut face à l’union.
De son vivant, Ho Chi Minh a toujours prôné l’union nationale et rappelé : "Notre peuple n’a pas peur d’affronter la pauvreté, mais il ne peut accepter l’injustice". Enfin, il faut savoir mobiliser toutes les ressources nationales, humaines en premier lieu, pour édifier le pays, le sortir au plus vite du sous-développement, car une journée de plus y rester, un écart plus grand le séparera des pays développés.
Cependant, dans le contexte de l’économie néo-libérale de plus en plus mondialisée, seul les efforts nationaux ne suffisent pas.
De là, à mon avis, toute solution recherchée doit comporter deux volets intimement liés. D’une part, instaurer des termes de l’échange plus justes, émanant d’une libéralisation du commerce mondial pour le développement durable de tous les pays ; intensifier une coopération internationale pour le co-développement qui partage les connaissances et qui se garde de la privatisation du savoir, un des biens publics indivises de l’humanité toute entière. D’autre part, un effort soutenu et une volonté nationale comme il a été mentionné plus haut. Autrement dit, il faut une bonne gouvernance double, internationale et nationale, indissociable.
Les Parlements, avec leur fonction de légifération et de contrôle, peuvent y contribuer effectivement, j’en suis persuadé. La Francophonie, de même.
Est-ce de l’utopie ? La chose bien réfléchie ne relève pas de l’utopie, elle n’est tout simplement pas encore réalisée.
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